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La Pologne salue la décision de ne pas nommer Erika Steinbach, personnalité très controversée, à la tête du futur mémorial berlinois consacré aux populations déplacées pendant la Deuxième guerre mondiale.La chancelière allemande, Angela Merkel, peut être soulagée. La polémique, qui envenimait depuis plusieurs semaines les relations entre l'Allemagne et la Pologne voisine, s'est enfin éteinte, mercredi, après l'annonce du retrait de la candidature d'Erika Steinbach à la direction du futur mémorial berlinois consacré aux déplacements de populations après la guerre. Les autorités polonaises se sont félicitées de ce geste, qui contribue à apaiser les tensions entre Berlin et Varsovie. «C'est un succès, une bonne nouvelle» a déclaré le porte-parole du gouvernement polonais. Mercredi matin, la direction de la Fédération des expulsés allemands (BdV) et sa présidente, Erika Steinbach, ont annoncé qu'elle ne siégerait pas à la direction du futur mémorial berlinois. Les dirigeants de BdV «ne veulent pas être le prétexte» qui empêchera le mémorial de voir le jour, affirme la Fédération. «Pour cette raison, et pour cette raison seulement, le comité de direction de la BdV a accepté l'offre de sa présidente de ne pas la nommer provisoirement» à la direction de la fondation qui gérera le mémorial. Surnommée la peste blonde, Steinbach fait l'unanimité contre elle en Pologne, où elle est caricaturée en fille d'Hitler. La très conservatrice députée CDU y est accusée de vouloir relativiser les souffrances dues au nazisme et la responsabilité de l'Allemagne dans la Seconde Guerre mondiale. Fin février, le premier ministre polonais, Donald Tusk, avait fait savoir que la candidature de Steinbach était «inacceptable pour la Pologne», estimant que sa nomination «heurterait les sensibilités polonaises quant à la vérité» sur la période 1939-1945. Vendredi, lors d'un entretien bilatéral avec Merkel à Hambourg, Tusk avait dit espérer une sortie de crise rapide. Mercredi, son gouvernement s'est félicité de ce «succès». «C'est une très bonne nouvelle pour la Pologne et un bon pronostic pour les relations polono-allemandes», a déclaré pour sa part le président de la Diète, Bronislaw Komorowski. Steinbach est honnie en Pologne depuis qu'en 1990, année de la Réunification, elle a choisi, avec une poignée d'autres députés conservateurs, de voter contre le tracé de la ligne Oder-Neisse qui allait sceller la normalisation de l'Allemagne vis-à-vis de ses voisins orientaux en fixant sa frontière orientale. Née il y a 65 ans dans une famille installée de fraîche date en Prusse occidentale, aujourd'hui en Pologne, Steinbach s'est fait la porte-parole de ces 12 à 14 millions d'Allemands expulsés de l'est du IIIe Reich par l'Armée rouge. Prudence des médiasLa polémique avait aussi divisé la grande coalition dirigée par Merkel. Soutenue par l'aile la plus conservatrice de la CDU, pour qui elle est victime d'une campagne injuste, Steinbach est perçue comme le principal obstacle d'une normalisation avec la Pologne par la gauche et les libéraux. L'évocation des souffrances allemandes durant la Seconde Guerre mondiale reste un sujet très sensible outre-Rhin, où l'on redoute toujours qu'elle soit perçue comme une tentative de se présenter en victime ou d'atténuer les responsabilités dans les crimes nazis. Ainsi, les médias allemands ont relaté avec une grande
prudence la découverte de charniers à Malbork, ancienne ville allemande de Marienburg
cédée à la Pologne à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Quelque 1 800 corps
de civils jetés dans des fausses communes au printemps 1945 y ont été exhumés depuis
le mois d'octobre. Durant l'été 1945, à la conférence de Potsdam, les grandes puissances
avaient décidé d'expulser les Allemands vivant en Pologne, en Tchécoslovaquie et
en Hongrie vers l'Allemagne. Selon les historiens, près de 500 000 civils allemands
auraient été tués durant leur fuite ou expulsion forcée.
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